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Protection et gestion

8 mars 2024
Les raisons d'une interdiction
Un Parc, tel que celui qui gère les Aires Protégées des Alpes Cozie, adopte des règlements, des normes et des ordonnances qui peuvent limiter les activités humaines, qu'elles soient récréatives, résidentielles ou productives. En effet, les institutions chargées de protéger des écosystèmes d'une grande valeur ont pour mission de tester sans cesse de nouvelles formes de coexistence des êtres humains dans un environnement naturel riche en biodiversité. L'objectif de cette rubrique est d'expliquer les motifs des interdictions, aidant ainsi le public à comprendre certaines restrictions visant à préserver un territoire sain et accessible, dans le respect des besoins de toutes les espèces.

La capture des amphibiens

Dans les Parcs des Alpes Cozie, il est interdit de capturer, tuer ou endommager un animal, même les plus petits ou inconnus. Dans cet article, nous voulons nous concentrer sur les animaux dits à sang froid, en particulier sur les amphibiens qui sont plus visibles au printemps lors de leur migration vers les zones humides où ils se reproduisent en pondant des œufs dans l'eau. Dans chaque aire protégée, des mesures de conservation et des réglementations de fréquentation régissent la protection et la gestion des espèces de faune sauvage non homéothermes (reptiles, amphibiens et invertébrés) en raison de leur importance dans les écosystèmes.

Et en dehors des aires protégées ? Le Piémont, dès 1982 avec la Loi n° 32 "Dispositions pour la conservation du patrimoine naturel et de l'environnement", a établi un précepte strict à l'article 27 interdisant la collecte, la destruction des œufs, la capture et l'abattage de toutes les espèces d'amphibiens, ainsi que la capture, le transport et le commerce des crapauds. La seule exception concerne les grenouilles, dont la capture est autorisée du 1er juillet au 30 novembre pour un maximum de 20 individus par jour et par personne (porté à 100 dans les zones rizicoles), sans utiliser de seaux ou de filets et jamais la nuit. Il s'agit d'une exception respectueuse des traditions culinaires piémontaises mais peut-être plus viable de nos jours, à l'heure de la sécheresse, de la réduction des zones humides et de la disparition progressive de toute la faune aquatique.

En tout cas, une règle très simple, comme le dit le proverbe, admet une seule exception, qui ne s'applique pas à l'intérieur des Parcs. D'abord pour prévenir toute altération même minime des équilibres naturels, et puis par respect : nous sommes des invités là-bas plus qu'ailleurs. Lorsque nous entrons chez un ami, nous essuyons nos chaussures et ne lui volons ni son chien ni son enfant.

En plus de la clarté des lois, il existe des règles de bon sens, également valables dans tous les environnements naturels, pas seulement dans ceux protégés. Si l'on se trouve dans la nécessité de déplacer un amphibien en danger - engagé dans la traversée d'une route, par exemple - il est important de ne pas le toucher avec les mains nues. Tout d'abord, parce que notre température corporelle d'animaux "à sang chaud" risque de brûler la peau d'animaux "à sang froid" comme les grenouilles, les crapauds et les salamandres, dont la peau est particulièrement délicate et doit rester toujours humide et protégée par une substance mucilagineuse pour aider les poumons à respirer. De plus, si plusieurs individus doivent être manipulés, il y a un risque de transmission d'agents pathogènes tels que des bactéries ou des champignons circulant depuis plusieurs années, mettant en difficulté les espèces. La précaution consiste donc à porter toujours des gants lors de la manipulation des animaux pendant le moins de temps possible et à utiliser de préférence un conteneur propre en plastique pour un éventuel transfert des animaux dans un endroit sûr.

Parmi les vertébrés, la classe des amphibiens est celle qui compte le plus grand nombre d'espèces en voie d'extinction. Leur petite taille, leurs capacités de déplacement limitées et la nécessité pour eux d'avoir des habitats aquatiques pour la reproduction et le développement larvaire, ainsi que terrestres lors des périodes d'hivernage et d'estivation, rendent ces animaux extrêmement sensibles à tout changement. Ceux-ci sont directement liés aux activités humaines, telles que la construction de routes, de remblais, de clôtures et d'ouvrages architecturaux qui constituent souvent des barrières infranchissables pendant les périodes de migration. Et les redoutables changements climatiques qui, en particulier dans les Alpes occidentales, ont généré ces dernières années des situations de sécheresse prolongée et donc la diminution des habitats humides nécessaires à leur survie. En résumé, même à l'intérieur des Aires Protégées des Alpes Cozie, les populations d'amphibiens enregistrent un déclin dangereux pour les équilibres des écosystèmes car ils sont de grands prédateurs d'insectes nuisibles pour l'homme tels que les moustiques et fournissent à leur tour de la nourriture à de nombreuses espèces aviaires.

Les interdictions imposées par les lois ne résultent pas des comportements erronés d'une ou quelques personnes, mais du danger représenté par des actions individuelles - chacune peu importante - multipliées par cent ou par mille. Comme les visiteurs des aires protégées sont des millions, un Parc a pour mission de veiller sur les petits gestes qui, souvent dus à l'ignorance, peuvent avoir un impact considérable sur les espèces les plus fragiles, comme les amphibiens.

Dans la vie quotidienne de la surveillance, il arrive souvent de devoir répondre à la question "Mais est-ce que le crapaud est le mâle de la grenouille ?" Non, ce sont deux espèces distinctes : la grenouille a son grenouillard, la crapaud sa crapaudine qui, même sans se transformer en prince charmant, sera toujours le plus beau du monde pour elle.