Boletus aestivalis - Marino Baima
La cueillette des champignons comestibles est une activité qui concerne chaque automne un grand nombre de personnes. Pour certains, c'est un passe-temps, pour d'autres, c'est une véritable "fièvre" - dans certains cas, une forme de complément de revenu - et parfois un moyen de satisfaire une curiosité scientifique pour ces organismes appartenant à un domaine scientifique propre, différent des plantes et des animaux. S'aventurer dans les bois à la recherche de ces précieux sporophores, terme scientifique pour désigner le champignon, est une pratique qui ne nuit pas à l'environnement si elle est effectuée en suivant les règles et les bonnes pratiques. Dans les espaces protégés Alpi Cozie, la cueillette de champignons est autorisée avec certaines limitations introduites pour préserver des équilibres écologiques spécifiques.
Pour le Piémont, la cueillette des champignons est réglementée par la loi régionale n° 24/2007 qui, en résumé, permet la cueillette de l'aube au crépuscule d'une quantité journalière individuelle ne dépassant pas 3 kg, par personne, munie du permis de ramassage. Les limitations géographiques sont peu nombreuses, comme par exemple les territoires « situés à l'intérieur des zones protégées créées conformément à la réglementation régionale en vigueur et les sites faisant partie du réseau Natura 2000 identifiés par les organismes de gestion respectifs ». D'un point de vue écologique, la loi exige que les champignons cueillis soient transportés « dans des récipients permettant la dispersion des spores », la cueillette est interdite avec « râteaux, crochets ou autres moyens pouvant endommager la couche d'humus du sol, le mycélium fongique et l'appareil racinaire » mais aussi « la destruction ou l'endommagement intentionnel des carpophores de toute espèce de champignon épigène spontanée, même non comestible ou toxique ».
Les Parcs Alpi Cozie comprennent 4 parcs régionaux, 2 réserves naturelles et 16 sites du réseau Natura 2000. Comme chaque zone protégée on trouve des habitats et des particularités différentes, les réglementations peuvent souvent différer afin d'adapter les règles aux spécificités écologiques à protéger.
En ce qui concerne la cueillette des champignons, les zones protégées des Alpi Cozie appliquent les principales limitations dans le Parc naturel du Gran Bosco de Salbertrand où « la cueillette, le ramassage, la détérioration ou la détention de champignons épigènes, même non comestibles, sont interdits, sauf pour l'exercice du droit d'usage de ramassage de champignons des communautés locales », mais en restant sur les chemins forestiers et les sentiers balisés. Toutes ces activités sont interdites par le plan nature dans le Parc naturel Val Troncea.
Parallèlement, dans le Parc naturel Orsiera Rocciavré, dans le Parc naturel des Lacs d'Avigliana, dans les Réserves naturelles Orrido di Foresto et Orrido di Chianocco et dans les sites du réseau Natura 2000, il n'y a pas de limitations supplémentaires par rapport à la loi régionale.
« Les champignons - raconte Fabio Santo, garde parc du Parc naturel des Lacs d'Avigliana - aident au développement de la forêt, ils représentent un atout car ils établissent souvent une relation symbiotique avec la flore et ils ont un rôle très important dans le processus de décomposition des êtres vivants, comme substances nutritives de la végétation. Ce que nous récoltons et mangeons est en réalité le fruit qui pousse à partir du mycélium, un réseau dense et invisible de cellules qui se développe dans les premières couches du sol. En tant que passionné dans la recherche et consommation de champignons, cela peut paraitre étrange, mais personellement je pense que la cueillette n'a pas un impact négatif significatif sur l'environnement, à condition de permettre la dispersion des spores pendant le transport. Cependant, nous, les humains, entrons d'une certaine manière en compétition avec d'autres animaux qui se nourrissent de champignons : en particulier les ongulés ou les mollusques et les insectes qui souvent se nourrissent même de variétés nuisibles pour nous.»
La principale mission - pas si simple - de l'organisme parc est de trouver un équilibre entre les besoins de conservation de la nature et les besoins des personnes vivant à l'intérieur du parc, exerçant des activités économiques ou occupant le territoire pendant leur temps libre. En ce qui concerne la question de la cueillette des champignons, dans les espaces protégés des Alpi Cozie, ce principe est appliqué sur la base d'une distinction entre les différents sites. Là où la présence de champignons comestibles est rare comme la Val Troncea et le Gran Bosco di Salbertrand, on va essayer de privilégier la valeur écologique en laissant autant que possible les champignons à disposition des animaux qui s'en nourrissent. Au contraire, dans les zones particulièrement propices, comme le parc de l'Orsiera Rocciavré, on cherche à respecter l'activité humaine traditionnelle, qui attire chaque année un grand nombre de cueilleurs.
« En tant qu'agent de surveillance - poursuit Santo - les sanctions que nous sommes le plus souvent amenés à appliquer concernent ceux qui transportent les champignons dans des récipients non adaptés à la dispersion des spores (sacs en PET), ceux qui ne possèdent pas de permis de cueillette ou encore une cueillette qui dépasse la limite autorisée de 3 kg par jour et par personne. Ce n'est jamais agréable de recevoir une contravention, mais c'est encore moins agréable de la contester. C'est pourquoi nous essayons en même temps de transmettre un message positif qui justifie les règles. À mon avis, la limite des 3 kg que chaque chercheur est autorisé à récolter par jour est principalement liée à un principe d'équité : l'objectif est de permettre la cueillette au plus grand nombre de personnes. En ce qui concerne le titre, il ne doit pas être perçu comme une taxe en soi car les bénéfices que chaque organisme tire de la vente doivent être investis au profit des ramasseurs, c'est-à-dire pour «l'aménagement et l'entretien des zones boisées et la signalisation des sentiers pédestres ; l'information et la mise en œuvre d'initiatives visant à favoriser la connaissance et le respect des espèces fongiques ; la surveillance des gardes écologiques volontaires», comme le stipule la loi régionale. De ce point de vue, au cours des dernières années, nous avons intensifié les activités de prévention et de surveillance dans nos territoires, et constaté que le respect des règles par les cueilleurs a considérablement augmenté ».
Pour une information complète, l'Ente di Gestione delle Aree Protette delle Alpi Cozie délivre le titre journalier, hebdomadaire, annuel, biennal et triennal valable sur l'ensemble du territoire régional. Tous les gains provenant de la vente du titre sont régulièrement communiqués à la région Piémont et utilisés pour l'entretien du patrimoine forestier et des sentiers à l'intérieur des territoires gérés par l'organisme Parc. En particulier, avec les fonds récoltés les années précédentes, des panneaux d'information ont été installés et des équipements tels qu'une perceuse à percussion et meuleuse d'angle ainsi que coupe-herbe et tronçonneuse ont été achetés et sont régulièrement utilisés par les ouvriers pour entretenir les sentiers.