Prés de fleurs à Salbertrand - Simona Molino
Les règles concernant la cueillette des plantes
Nombreuses sont encore les personnes qui aiment rentrer chez elles après une promenade en plein air avec un bouquet de fleurs. Il y a même la chanson! Mais...
Dans les Parchi Alpi Cozie, comme dans toutes les zones protégées du Piémont, c'est interdit. La Loi régionale 19/2009 sur la « Protection des zones naturelles et de biodiversité » est claire, l'article 8, paragraphe 3 stipule « Dans les zones protégées établies et classées comme parc naturel et réserve naturelle, les interdictions suivantes s'appliquent : j) cueillette et détérioration d'espèces végétales, à l'exception des activités agro-sylvo-pastorales et la cueillette d'espèces comestibles les plus couramment ».
La règle – explique Debora Barolin, fonctionnaire de surveillance du Parc Naturel Laghi d'Avigliana – est valable dans les parcs naturels Orsiera Rocciavré et Laghi Avigliana, ainsi que dans les réserves naturelles des gorges de Chianocco et Foresto. Cependant elle ne s'applique pas dans le Parc naturel du Gran Bosco di Salbertrand où, selon le règlement de l'organisme parc, la cueillette, l'enlèvement, la détériorationt ou la détention de parties de la flore herbacée et arbustive sont interdits, à l'exception d'opérations courantes liées aux activités agricoles et sylvicoles, et dans le Parc naturel de Val Troncea où, en vertu d'un règlement spécifique, la cueillette de toute flore spontanée est interdite: ce n'est pas par hasard qu'on l'appelle aussi la Vallée des Fleurs.
Et en dehors des parcs et réserves, par exemple dans les 16 sites du Réseau Natura 2000 gérés par les Aires Protégées des Alpes Cottiennes, que prévoient les règlements?
Dans ce cas – poursuit Barolin – la loi régionale piémontaise 32/1982 sur la conservation du patrimoine naturel et de l'environnement divise la flore spontanée en 3 catégories : celle à protection absolue, celle comestible communément consommée et les autres. Pour la première, énumérée dans un appendice de la même loi, il est interdit de cueillir même un spécimen. Il s'agit par exemple de toutes les orchidées sauvages, des lys, des tulipes, des primevères à fleurs rouges, de certaines gentianes et campanules, des daphnés. Les espèces comestibles, comme l'ortie, l'ail des ours, l'épinard sauvage, le pissenlit et le houblon sauvage ou "luvertin", n'ont pas de limite de cueillette. Pour toutes les autres, c'est-à-dire la grande majorité, on peut cueillir jusqu'à 5 spécimens par personne et par jour sans enlever ni endommager les racines. La question des plantes officinales non soumises à protection reste spécifique, leur cueillette devant être autorisée préalablement par l'Union des Communes compétente sur le territoire».
La plus belle fleur est celle qui n'est pas cueillie
Offrir une fleur est le geste d'amour le plus classique, mais en arracher une témoigne d'un manque de respect pour l'environnement.
Même parmi les plantes – raconte Elena Regazzoni, fonctionnaire de Gestion et de conservation de la Biodiversité des Parcs Alpi Cozie, – le processus de reproduction a besoin d'une dépense d'énergie très élevée. Surtout en montagne où les ressources sont plus rares et les conditions environnementales plus sévères, la création de l'appareil reproducteur (la fleur) est un processus extrêmement complexe, délicat et coûteux. Si nous la cueillons, nous empêcherons cette plante spécifique de produire des graines et donc de se multiplier, mais nous mettrons également en difficulté celles autour en réduisant les possibilités de pollinisation. Ce discours est encore plus fort pour les orchidées, dont les graines ne peuvent germer que lorsqu'une symbiose spécifique et rare, appelée mycorhize, est réalisée avec un champignon.
En outre – ajoute également Fabio Galliano, technicien de la Biodiversité de l'Organisme de Parc – nous devons garder à l'esprit que certaines fleurs représentent une source exclusive de nourriture pour de nombreux insectes, en particulier certaines espèces de magnifiques papillons que nous observons dans les prairies les plus riches en floraisons. Appauvrir la flore peut avoir des conséquences en cascade sur la faune, les invertébrés et les micro-organismes qui participent tous ensemble au maintien de la biodiversité de chaque écosystème.
Ce n'est pas un geste individuel qui peut avoir un impact sur la conservation de l'environnement, mais la répétition de nombreuses petites actions, chacune ayant peu d'influence. Dans les zones protégées, les visiteurs sont nombreux et il leur est demandé de ne pas cueillir la flore spontanée car dans ces territoires, l'être humain est un invité : une espèce parmi tant d'autres qui composent un patrimoine naturel à protéger et à apprécier dans sa délicate beauté.