Les motifs de cette interdiction
L’organisme Parc qui gère les zones protégées Alpi Cozie, adopte des règlements et ordonnances qui peuvent limiter les activités humaines récréatives, résidentielles et productives. Les institutions appelées à protéger des écosystèmes particulièrement précieux ont en effet pour tâche de toujours rechercher de nouvelles formes de coexistence des êtres humains dans un environnement naturel riche en biodiversité. L'objectif de cette chronique est d'expliquer les raisons de ces interdictions, aidant ainsi le public à comprendre certaines restrictions visant à maintenir un territoire sain et utilisable tout en respectant les besoins de toutes les espèces.
Pas de chasse dans les parcs
Dans le Piémont, la loi régionale n.19/2009, dans son article 8, stipule que « Dans les zones protégées classées comme parcs naturels et réserves naturelles, les interdictions suivantes s'appliquent : a) l'exercice d'activités de chasse ; b) l'introduction et l'usage par des particuliers d'armes, d'explosifs et de tout moyen de destruction ou de capture, sauf sur autorisation nominative".
Chasser pour survivre ou chasser pour le plaisir ?
Depuis plus d’un million d’années, les humains et leurs ancêtres sont chasseurs-cueilleurs. Cela signifie qu'ils ont eu recours à la chasse pour se nourrir même si des études ont démontré que la consommation de gibier avait pour fonction d'intégrer aux graisses et aux protéines une alimentation principalement composée de légumes et de fruits spontanés récoltés dans la nature. Puis, il y a 12 500 ans, la révolution néolithique a commencé lorsque, dans diverses régions du monde, l’homo sapiens a commencé à produire sa propre nourriture à travers l’agriculture et l’élevage.
Un tournant important qui a permis à nos ancêtres d’enrichir significativement leur alimentation et donc d’améliorer la survie et le taux de population mondiale. En général, cultiver ses aliments est une activité beaucoup moins coûteuse que de se les procurer et permet ainsi aux hommes et aux femmes de vivre de manière sédentaire et d'économiser du temps et de l'énergie pour les consacrer à d'autres activités telles que l'artisanat, la culture et les arts. Pourtant, la pratique de la chasse a survécu jusqu'à nos jours, même dans certaines régions du monde où la nourriture est produite en surabondance grâce aux techniques industrielles. Peut-être parce que nous, les humains, sommes au sommet de la pyramide alimentaire et durant plus de 99 % de notre histoire évolutive, nous avons été prédateurs d’autres espèces ?
On peut donc dire aujourd'hui que la chasse représente principalement une activité récréative et commerciale, même si elle a également une certaine valeur écologique dans la défense de certains milieux et dans la protection des activités humaines comme l'agriculture, par exemple contre la prolifération excessive d'espèces sauvages. Ce sont les principes clés contenus dans la loi 157/1992 Règles pour la protection de la faune sauvage homéothermique et pour la chasse qui, dans son article 1, définit la faune sauvage comme un patrimoine indisponible de l'État et interprète donc la chasse comme une concession réglementée par des lois spécifiques que le l'État reconnaît à ses citoyens.
Le coté négatif de la chasse et la naissance des parcs
Selon la loi italienne, l'activité de chasse pratiquée de manière responsable et conforme est une coutume légitime, mais il ne faut pas oublier que dans le passé, elle était pratiquée sans limite, entraînant d'énormes dommages écologiques, y compris l'extinction de nombreuses espèces. Le premier parc national créé en Italie fut le Grand Paradis, créé en 1922 expressément pour protéger les bouquetins qui risquaient de disparaître à cause de la chasse. Plus près de nous, dans les Espaces Protégés Alpi Cozie, l'homme a progressivement éliminé les principaux prédateurs dont les ours, les lynx, les loups et de nombreux rapaces ainsi que les ongulés. Seul le chamois a survécu à la période de plus grande pression de chasse, au cours de la Seconde Guerre mondiale, lorsque la chasse représentait une source économique d'approvisionnement alimentaire pour les populations locales. Les cerfs, chevreuils et sangliers que l'on peut observer dans les bois et les montagnes ont été réintroduits à partir des années 1960 pour la chasse, pour les bouquetins entre la fin des années 1980 et les années 1990 pour des raisons scientifiques.
L'interdiction de la chasse dans les parcs nationaux et régionaux et les réserves naturelles représente donc un principe fondateur pour la protection, la conservation et la restauration du patrimoine écologique. Sans oublier les considérations éthiques et morales : sur les territoires où nous œuvrons pour garantir la survie des espèces animales et végétales, le recours à des méthodes cruelles doit être évité.