«L'élément de difficulté que la montagne nous a présenté a rendu les prises de vue plus aventureuses et nous a permis de raconter le thème de la Résistance de manière plus réaliste car cela nous a aidés à mieux comprendre le type d'environnement et les obstacles auxquels les partisans devaient faire face pendant leurs actions». Susanna Nicchiarelli raconte avec des mots chargés d'émotion et de passion les 3 mois passés dans la haute vallée de Susa en 2023 pour diriger les prises de vue de la série Fuochi d’Artificio diffusée sur Rai 1 le 15, 22 et 25 avril et disponible à la demande sur Raiplay. Ce sont 6 épisodes qui racontent la Résistance à travers le regard désenchanté de Marta, une fille de 12 ans qui devient le mystérieux et fantomatique partisant Sandokan en compagnie de son frère Davide et de ses amis Sara et Marco. L’histoire est tirée du livre éponyme d’Andrea Bouchard, publié en 2015 et initialement situé dans une vallée non identifiée des Alpes piémontaises ; les prises de vue, pour des raisons de production, ont eu lieu entre Exilles avec son fort, le hameau de Rochemolles au-dessus de Bardonecchia et le Parc naturel du Grand Bois de Salbertrand.
«L'histoire se déroule à différentes altitudes – poursuit Nicchiarelli – entre le Fort d'Exilles où se trouve le quartier général des nazis et la prison où est enfermé Matteo, le frère aîné de Marta, et le hameau de Praverso situé à Rochemolles. Plus haut, les paysages de haute montagne avec le magnifique hameau de Seu, où se réfugie la bande partisans, et le plateau de l'Assietta avec ces prairies à perte de vue où nous avons tourné de magnifiques images qui, de manière symbolique, donnent le coup d'envoi à la série et à toute l'histoire dès le début du premier épisode. Ces deux lieux ont été la découverte et le défi les plus stimulants du film.»
Nicchiarelli, pendant le tournage, a déménagé avec toute sa famille de Rome à Rochemolles, d'où, pendant les courtes pauses sur le plateau, elle partait explorer les environs entre balades et randonnées avec nuitée en refuge.
«Lors des repérages au printemps, nous avions identifié certains lieux pour effectuer les prises de vue, mais beaucoup d'autres étaient encore inaccessibles à cause de la neige. Puis, après avoir commencé à tourner, un jour de pause, je suis allée avec mes enfants faire une randonnée dans le Grand Bois de Salbertrand et j'ai été fascinée par les chalets du Seu et le refuge Arlaud où nous nous sommes arrêtés pour une collation. Cet endroit devait apparaître dans le film, mais quel effort de revenir avec l'équipe. Sans parler de l'Assietta, où nous avions mal choisi nos vêtements et avons eu très froid, bien que ce fût en août. Je ressens encore de l'émotion chaque fois que je revois ces images, car elles me rappellent la beauté des paysages et les complications pour les filmer sous leur meilleur aspect. Par exemple, les longues attentes pour espérer que le soleil émerge derrière une montagne qui le masquait. Ou les changements soudains de temps qui faisaient que, lorsque venait le moment de tourner un contrechamp, la lumière était complètement différente car des nuages, qui n'existaient pas quelques instants auparavant, se matérialisaient dans le ciel.»
Pour une entité comme les Aires protégées des Alpes Cozie, dont la mission est de gérer et valoriser non seulement le patrimoine environnemental et écologique de son territoire mais aussi celui historique et culturel, c'est une source de fierté d'apparaître dans un travail de grande valeur comme Fuochi d’artificio. Le film, en effet, est aussi un important témoignage pour diffuser les valeurs de la Résistance et de la libération du nazisme et du fascisme car il aborde des thématiques hélas encore divisives, avec cette apparente naïveté propre aux enfants qui cache en réalité de profondes vérités. Dans le premier épisode, Marta fait face à un dilemme existentiel : “Je ne veux aider personne à tuer quelqu'un d'autre”! - Sous un régime, la paix pourrait être pire que la guerre, lui répond Marco. Exactement le même choix qui, pendant ces mois dramatiques de la Seconde Guerre mondiale, a conduit tant d'hommes et de femmes – dans certains cas même des enfants – à emprunter le chemin de la lutte pour libérer notre pays de la domination ennemie et de la dictature.
«Nous avons touché du doigt que la Résistance dans la vallée de Susa est encore très présente dans la vie des gens. Beaucoup sont venus nous raconter un témoignage direct ou un souvenir de ces mois dramatiques sachant que nous tournions un film sur le thème. Un jour, nous avons dû décorer les rues centrales d'Exilles avec des drapeaux et des bannières nazis pour simuler une parade militaire. À peine les prises de vue terminées, nous nous sommes empressés de retirer tout cela car on percevait clairement le malaise des habitants de voir ces symboles exposés aux portes et fenêtres de leurs maisons. Jusqu'à ce que, le jour où la fête de la Libération était représentée, de nombreux habitants et résidents descendent dans la rue pour une sorte de célébration parallèle à celle que les acteurs étaient en train de jouer devant les caméras.»