forêt de hêtres

Le Hêtre (Fagus sylvatica) est un feuillus à feuilles caduques qui peut atteindre des dimensions remarquables ; son écorce est grise, lisse et compacte ; les feuilles sont elliptiques, avec un bord crénelé et un aspect brillant caractéristique.

C'est une plante exigeante, qui ne supporte pas les carences ou les excès thermiques, hydriques et lumineux ; elle ne supporte pas les écarts de température et nécessite une disponibilité constante, mais non excessive, en eau, ainsi que des sols frais et profonds.

La Hêtraie pousse là où ces conditions sont réunies, généralement entre 700 et 1600 mètres d'altitude, descendant plus bas seulement là où la rétention de brouillard assure une humidité suffisante et où l'espèce n'a pas encore été remplacée par d'autres essences, comme le châtaignier ; il peut y avoir des forêts "pures", composées uniquement de hêtres, ou des forêts "mixtes" entrecoupées d'un grand nombre d'autres espèces d'arbres, notamment le sapin blanc ou le mélèze.

Au sein de la hêtraie, on trouve des taches de plantes pionnières telles que le bouleau (Betula pendula), le peuplier tremble (Populus tremula), le noisetier (Corylus avellana) et le cytise alpin (Laburnum alpinum), qui colonisent les zones déboisées.
Sur le sol recouvert d'une épaisse couche d'humus et de feuilles mortes poussent l'oxalide (Oxalis acetosella), l'hépatique trilobée (Hepatica nobilis), les géraniums (Geranium nodosum) et la prenanthe pourpre (Prenanthes purpurea). De nombreuses plantes herbacées de sous-bois ont une lame foliaire arrondie ou avec une surface plutôt large, tenue parallèle à la surface du sol pour exploiter au mieux la faible lumière solaire filtrant à travers le feuillage dense des hêtres.

La faune dans les hêtraies

La faune que l'on peut rencontrer le plus couramment dans les hêtraies est typique des forêts de montagne. Parmi les mammifères, outre les ongulés (cerf, chevreuil et sanglier), dans ces bois évoluent en toute quiétude des loups (Canis lupus), des fouines (Martes foina), des martres (Martes martes) et des écureuils (Sciurus vulgaris), ces derniers étant friands des fayots produits chaque année par les hêtres. Le pic noir (Dryocopus martius) niche volontiers dans les hêtraies, aux côtés de la grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla), du pic épeiche (Sitta europea), du pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix) et de nombreux autres oiseaux.

Mais c'est au niveau du sol que se cache la véritable biodiversité cachée des hêtraies, avec des millions d'invertébrés appartenant à des centaines d'espèces différentes qui constituent un véritable écosystème : des décomposeurs, comme les vers de terre et les escargots, aux consommateurs de bois mort, tels que les coléoptères cérambycidés, en passant par de véritables prédateurs, comme les carabidés et les araignées. Tout ce fourmillement est très apprécié des salamandres tachetées (Salamandra salamandra) qui trouvent dans la hêtraie un excellent restaurant !

Les hêtraies dans les Parcs des Alpes Cottiennes

Dans les vallées de Suse et de Chisone, il existe des limites assez nettes au-delà desquelles les hêtraies ne poussent pas en raison de conditions climatiques plus continentales, avec des écarts thermiques plus marqués et des précipitations plus faibles. En particulier, en aval de Fenestrelle et d'Exilles, la hêtraie trouve une zone appropriée le long des versants principalement exposés au nord avec une humidité marquée. En amont, sur ces mêmes versants, elle est remplacée par des conifères, en particulier par le mélèze ou l'épicéa rouge.

En général, les Aires Protégées des Alpes Cottiennes ne présentent pas de territoires particulièrement favorables au développement de la hêtraie.