Profitant de la saison estivale et de la présence dans les alpages des troupeaux de transhumance, les techniciens des zones protégées des Alpi Cozie ont commencé à distribuer un questionnaire pour le projet Life WolfAlps EU visant à recueillir opinions et positions sur la présence du loup entre les éleveurs et les bergers qui travaillent à l'intérieur des parcs. Il s'agit d'une grande enquête dans les pays alpins pour mesurer la perception des opportunités et des problèmes liés à la présence du grand carnivore au sein de nombreuses catégories de la population: citoyens, enseignants scientifiques, opérateurs dans le tourisme, éleveurs, chasseurs, membres d'associations environnementales et journalistes. Le but, comme le titre de cette action le révèle, est de collecter les impressions et les critiques visant à améliorer la coexistence entre le loup et les hommes dans les Alpes.
La direction des parcs des Alpi Cozie a décidé de consacrer une attention et un engagement particuliers, auprès des bergers et des éleveurs car il s’agit de la catégorie qui subit le plus les conséquences du retour du prédateur. Pour eux, le questionnaire est suivi personnellement par une équipe de techniciens de l'organisme qui ont pour rôle non seulement de poser les questions et de noter les réponses, mais aussi d'enregistrer, de localiser les problèmes et les difficultés personnels. A la fin de l'été, la plupart des alpages des parcs Alpi Cozie seront inspectés pour commencer un dialogue et un échange avec ceux qui y travaillent et y vivent.
Comme il en ressort à partir des premiers questionnaires - et comme nous le suspicions - le monde lié à la transformation des produits laitiers conserve une attitude généralement contraire au loup. Dans de nombreux cas, il s’agit d’un sentiment basé sur des expériences personnelles négatives, comme par exemple les attaques subies sur les troupeaux de moutons, ou ceux qui ont subi des prédations ou ceux qui ont fait des rencontres plus ou moins proches avec ce carnivore. Les opinions de ces personnes sont légitimement fondées sur un sentiment de peur exaspérée ; comme tous le dénoncent, le mécanisme de compensation sur prédations est si compliqué qu’il décourage souvent la présentation de la demande. Il y a également un aspect de nature économique qui alimente beaucoup d'hostilité envers le loup parce que son retour dans les Alpes a forcé les bergers, de moutons surtout, à adopter des mesures de prévention contre ces attaques qui nécessitent donc un travail et des coûts de gestion plus élevés.
En outre, le questionnaire a été conçu pour comprendre les convictions au sein des différentes catégories, mais aussi pour relever les impressions personnelles. Le sentiment d'opposition au loup est très répandu et dans une moindre mesure chez certains éleveurs qui en supportent les conséquences directes. Comme par exemple, chez les bergers de bovins qui sont moins sujets à des prédations et par conséquent prennent moins de mesures préventives. De cette manière, de fausses croyances partagées sensiblement par la totalité des personnes interrogées se propagent, comme par exemple le fait que les loups ont été réintroduits en Italie.
En attendant de collecter et d'analyser la totalité des questionnaires distribués par catégories d'appartenance, le travail des techniciens des Alpi cozie et la disponibilité des bergers nous fournissent des informations précieuses pour permettre de se concentrer sur les problèmes les plus courants et de récolter le point de vue de ceux qui soutiennent un travail difficile mais précieux sous la menace du loup. En vue de trouver des solutions concrètes pour protéger les loups et la vie de ceux qui travaillent dans les Alpes, il est important d'obtenir le plus d'opinions possibles et de témoignages directs afin de commencer des actions ciblées pour résoudre les problèmes et transmettre des informations correctes à tous. Avec la conviction profonde que le retour du loup dans les Alpes apportera en même temps bien sur, des opportunités et des préjudices.
(Traduction Agnès Dijaux)