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De Chartreuse en Chartreuse

Ultimo aggiornamento: 15 janvier 2025

Approfondissement à la charge de l'Arch. Daniela Delleani

La Chartreuse de Montebenedetto, située dans le Parc naturel Orsiera-Rocciavré, fait partie d'un ensemble de monastères de l'ordre chartreux qui se répand au XIIe siècle, suite à l'autorisation papale accordée au fondateur Bruno de Cologne, comme un durcissement de la règle bénédictine en France, en Italie, en Suisse et par la suite dans d'autres pays européens, d'Amérique du Nord et du Sud et en Orient.

Leur histoire, en particulier celle des originaux, est étroitement liée, tant par les contacts et les transferts des communautés monastiques d'une à l'autre, que par les motivations qui les ont fait naître.

L'ordre chartreux est toujours à la recherche d'un désert que ce soit en montagne, au bord de la mer ou sur une colline, c'est-à-dire d'un endroit retiré permettant une vie de méditation en plus du travail.

Ce n'est qu'à un stade ultérieur, grâce aux dons des seigneurs ou des évêques qui ont élargi les terres des premiers établissements, que les chartreuses passent de lieux d'ermitage et de prière à des puissances économiques, nécessitant la présence de travailleurs, les convers, qui ne prennent pas de vœux religieux : en conséquence, elles s'agrandissent, séparant les espaces des moines de ceux des convers.

En général, les monastères deviennent propriétaires de forêts et de cultures et entrent en conflit avec les populations locales pour les droits de chasse, de bois, la propriété de terres agricoles, l'élevage de moutons et de vaches, c'est pourquoi presque toutes les chartreuses sont marquées par des incendies criminels déclenchés lors des controverses, ou détruites par des éboulements et des inondations fréquentes à l'époque en montagne. Tout cela entraîne des abandons des hautes altitudes et des reconstructions à des altitudes plus basses.

Formes architecturales et matériaux

À partir du XIIIe siècle, certains ordres ont été supprimés à la suite de la laïcisation de l'État napoléonien, d'autres moines ont été durement punis pour la protection qu'ils ont accordée à la lutte partisane durant la Seconde Guerre mondiale, entraînant des transferts de moines entre la France, l'Italie et la Suisse : certaines chartreuses ont été définitivement abandonnées, d'autres reconstruites, d'autres ont changé de propriété et de forme d'utilisation.

Ces divers types de contacts, en plus des critères donnés par la Règle, donnent lieu à des éléments communs des constructions : un ou plusieurs cloîtres, dont donnent sur les cellules des moines, généralement au nombre de 12, mais parfois moins, parfois plus, l'église, le logement du prieur, le réfectoire, la bibliothèque dans la partie réservée aux religieux ; les logements des convers, la maison d'hôtes, la cuisine, les ateliers (scieries, usines, moulins) sont séparés, parfois en communication directe, parfois construits à distance pour ne pas déranger la vie monacale.
Le complexe est entouré d'un mur d'enceinte, à l'intérieur se trouvent des jardins d'herbes médicinales, un puits dans les chartreuses les plus anciennes, de véritables jardins avec des fontaines dans leurs évolutions baroques, des bassins pour l'élevage de poissons ; souvent le cimetière des moines se trouve dans le cloître.

Époque romane

Les formes architecturales et les matériaux utilisés à l'époque romane présentent de grandes similitudes : il y a un grand usage de pierre taillée avec des joints réalisés à la chaux, la nef de l'église peut être unique ou deux petites se trouvent de chaque côté de la principale, avec une ou trois monophore orientées vers l'est, la couverture peut être en pierre (schistes) ou en ardoise ou en bardeaux selon le matériau disponible sur place ; les décorations sont presque inexistantes, comme requis par la règle, sauf pour les montants, seuils et linteaux en pierre taillée à portes et fenêtres.
Les cellules primitives sont petites, avec un simple lit, un prie-dieu, une petite bibliothèque, un poêle, avec un jardin donnant sur l'espace commun ; par la suite, elles deviennent plus complexes, à deux étages, une salle d'étude est ajoutée, parfois un petit atelier.
Un chemin couvert, un portique en maçonnerie ou une avancée en bois, relie les cellules à l'église, au réfectoire et aux espaces communs afin de permettre aux moines de se déplacer même en cas de neige ou de pluie.
Dans le réfectoire, les moines prennent leurs repas ensemble lors des jours de fête, en silence, avec seule la lecture de passages de la Bible par l'un d'eux ; les cellules sont équipées pour pouvoir manger les autres jours, dans les cas les plus complexes et ultérieurs, une cuisine commune est mise en place, qui sert les plats aux cellules par une fenêtre à roulette.

Construtions baroques

Avec le passage des siècles, les chartreuses accueillent de plus en plus de pèlerins et les parties dédiées à eux et aux convers prennent des dimensions plus importantes : en particulier dans les constructions baroques, on abandonne la sobriété des chartreuses originales au profit de maçonneries décorées, enduites, colorées et les espaces s'enrichissent de peintures, sculptures, œuvres d'art qui ont peu à voir avec la pauvreté de l'ordre, mais qui au fil du temps ont favorisé leur transformation en lieux d'intérêt touristique ainsi que de culte.

Au contraire, d'autres chartreuses ont voulu accentuer leur vocation religieuse et ont maintenu des dimensions plus contenues et des caractéristiques plus simples, avec des ouvertures très limitées aux visiteurs.

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